Les accidents de la route Hazmat aux États-Unis ont plus que doublé au cours de la dernière décennie

Par Stephen Stock, Aparna Zalani, Dilcia Mercedes, José Sanchez

9 mai 2023 / 07h47 / CBS News

Il s'agit du déversement de matières dangereuses le plus coûteux sur une autoroute du Massachusetts au cours de la dernière décennie.

Cela s'est produit par une journée sèche, claire et ensoleillée juste après 2 heures à Revere Beach, juste au nord de Boston, le 17 avril 2020.

Un rapport du ministère des Transports montre qu'un semi-remorque transportant de l'essence mélangée à de l'alcool éthylique a fait un rond-point beaucoup trop vite et s'est renversé. L'accident a renversé toute la charge de la grande plate-forme, près de 10 000 gallons de liquide en tout, sur l'autoroute 1A et dans un marais d'eau salée à proximité.

La police a cité le conducteur, qui n'a pas été blessé, pour avoir pris le virage à une vitesse dangereuse.

Le coût des dommages au semi-remorque, de la perte d'essence et du nettoyage du marais a dépassé 1,1 million de dollars.

C'est exactement le type d'accident que les experts en sécurité routière ont déclaré à CBS News qu'un système appelé contrôle électronique de la stabilité aurait pu empêcher s'il avait été utilisé.

Naturellement, une grande partie de l'attention nationale s'est concentrée sur la sécurité du transport de matières dangereuses sur les chemins de fer après l'accident de train de East Palestine, dans l'Ohio, le 3 février 2023, lorsque de la fumée et un incendie ont éclaté à la suite du déraillement de 11 wagons-citernes transportant des matières dangereuses, dont du chlorure de vinyle. Des centaines de résidents à proximité ont été évacués de leurs maisons après le déversement de certains produits chimiques et les premiers intervenants ont dû libérer davantage de produits chimiques afin d'empêcher une explosion.

Mais les enquêtes de CBS News ont révélé que la probabilité d'un accident impliquant des produits chimiques dangereux et toxiques est en fait beaucoup plus grande sur les routes, où vous et votre famille conduisez tous les jours.

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CBS News a analysé 10 ans de données sur les incidents de la Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration (PHMSA) du ministère des Transports. Il montre que pour chaque incident impliquant des matières dangereuses impliquant un train, il y a 33 incidents de matières dangereuses impliquant de gros camions sur nos routes.

La PHMSA est une agence du Département américain des transports créée pour protéger les personnes et l'environnement en faisant progresser le transport sûr de l'énergie et d'autres matières dangereuses. Pour ce faire, l'agence suit le transport des matières dangereuses par divers moyens tels que l'air, l'autoroute, le pipeline et le rail. L'agence établit également une politique nationale, établit et applique des normes, éduque et mène des recherches pour prévenir les incidents et s'efforce de former les premiers intervenants en cas d'accident.

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Au cours des 10 dernières années, le nombre d'accidents impliquant de grosses plates-formes impliquant des matières dangereuses a été multiplié par deux et demi, soit une augmentation de 155 %.

En effet, les accidents de semi-remorque sur les autoroutes représentent 64 % de tous les dommages causés par tout type de transport de matières dangereuses, soit près de 512 millions de dollars.

Au cours des 10 dernières années, selon les données de la PHMSA, il y a eu 52 décès et 160 blessés dus à des incidents de matières dangereuses impliquant des semi-remorques en transit.

"Il y a plus de deux millions d'envois de matières dangereuses chaque jour aux États-Unis d'Amérique. La plupart de ces matières sont transportées par autoroute", a déclaré Bob Richard, ancien administrateur associé adjoint pour la sécurité des matières dangereuses avec PHMSA de 2006 à 2010, sous le président George. W. Bush.

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"La plupart des incidents impliquent des liquides inflammables, principalement des liquides combustibles pour le mazout pour les maisons, le chauffage domestique", a déclaré Richard. "Le premier élément (à renverser) est la peinture. De loin (c'est) la chose qui s'est le plus renversée."

Alors qu'il était au service du gouvernement fédéral, Richard a aidé à élaborer et à mettre en œuvre des réglementations sur la sécurité des matières dangereuses aux États-Unis et à l'étranger. Il est maintenant président de sa propre société de conseil appelée Hazmat Safety Consulting.

"Si vous regardez toutes les données publiées par l'agence, vous pouvez voir que" l'erreur humaine est la première cause d'accidents, a déclaré Richard.

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L'erreur humaine représentait 18 % de ces incidents en transit, soit près de 1 accident sur 5 avec des matières dangereuses sur la route.

"Et quand j'étais là-bas (au DOT), c'était une préoccupation", a déclaré Richard. "C'est probablement la chose la plus difficile à gérer. Donc, vous savez, certaines des nouvelles technologies qui sortent pour les camionneurs pourraient contribuer à" résoudre et réduire ce problème, pour aider à prévenir les accidents.

Richard parle de technologies de sécurité telles que l'évitement des collisions, les caméras surveillant les chauffeurs de camion, l'assistance sur les voies, le suivi par satellite, la navigation assistée par ordinateur, la prévention des capotages et le radar orienté vers l'avant qui déclenche le freinage automatique si quelque chose se rapproche trop. Ces fonctionnalités sont déjà largement disponibles.

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C'est pourquoi les experts, des enquêteurs sur les accidents aux chauffeurs de camion en passant par les propriétaires d'entreprise, disent à CBS News que ces technologies de sécurité embarquées sont si précieuses et devraient être utilisées et requises.

Mais CBS News a constaté que pendant des décennies, la technologie de sécurité a évolué à un rythme plus rapide que la politique gouvernementale.

Les régulateurs fédéraux n'ont pas encore exigé toute cette technologie dans les camions commerciaux, y compris ceux transportant des matières dangereuses, malgré les recommandations du National Transportation Safety Board qu'elle soit adoptée depuis près de trois décennies.

Boyle Transportation, située près de Boston, est l'une de ces entreprises qui n'attendent pas les régulateurs gouvernementaux. Boyle Transportation utilise déjà pleinement tous ces systèmes dans chacune des quelque 100 cabines de camion qu'il possède.

« Il y a environ 25 ans, vers la fin des années 90, nous avons été parmi les premiers à adopter bon nombre de ces systèmes de sécurité embarqués », a déclaré Andrew Boyle, coprésident de Boyle Transportation.

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"Il est prudent de dire que nous investissons très lourdement et allons un peu plus en termes d'équipement", a déclaré Boyle, "mais nous essayons également de former les gens afin qu'ils soient également en mesure d'être en sécurité et de réussir."

"Nous nous sommes considérablement améliorés en utilisant ces systèmes en conjonction avec des caméras et une formation individualisée et nous avons vraiment obtenu des résultats", a déclaré Mike Lasko, responsable de la sécurité chez Boyle Transportation. "Nous n'avons pas eu d'accident évitable et enregistrable depuis 2019. Et celui d'avant était en 2014."

Maverick Trucking, de North Little Rock, Arkansas, a déclaré à CBS News qu'il avait également constaté une amélioration du taux d'accidents depuis l'installation de ces technologies de sécurité sur ses gros camions.

Jackie Wegener, conductrice de gros camions, qui conduit pour Boyle Transportation depuis plus d'une décennie, affirme que la nouvelle technologie peut être un ajustement pour certains autres conducteurs, mais cela a amélioré son travail et sa vie.

"Je pense que cela change fermement la façon dont la conduite des camions est effectuée", a déclaré Wegener. "Je me sens plus en sécurité en tant que conducteur l'ayant à bord."

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi les gens devraient se soucier de cette question, elle n'a pas hésité à donner sa réponse.

"La vie humaine", a déclaré Wegener. Cette technologie "est importante et précieuse indépendamment de toute autre chose. Et c'est le résultat final."

C'est une technologie que le NTSB recommande depuis 1995 d'installer à bord des camions commerciaux.

Dans son dernier avis public à ce sujet, le Top 10 des recommandations de sécurité des transports 2022-2023, le NTSB a une fois de plus recommandé que les technologies anticollision soient obligatoires dans les véhicules utilitaires.

La dernière recommandation du NTSB intervient après que ses enquêteurs ont publié leur rapport sur un accident de réaction en chaîne qui a eu lieu à Phoenix le 9 juin 2021. Les enquêteurs du NTSB ont déterminé qu'une grosse plate-forme tirant une remorque-citerne a percuté une ligne arrêtée de sept voitures particulières à 62 milles heure, tuant quatre personnes et en blessant 11, dont un enfant de 6 ans.

Lors d'une audience du 28 mars 2023 au cours de laquelle les enquêteurs ont publié leurs conclusions, les responsables du NTSB ont déclaré que toute la tragédie aurait pu être évitée s'il y avait eu une technologie d'évitement des collisions à bord de la grande plate-forme.

"Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour renforcer la sécurité afin que cela ne se reproduise plus", a déclaré la présidente du NTSB, Jennifer Homendy, lors de l'audience.

Même l'agence fédérale qui établit les règles et réglementations pour les camions, la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), dans un rapport de 2017, a estimé que les technologies d'assistance à la conduite telles que le freinage d'urgence automatique pourraient prévenir 11 000 accidents chaque année.

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Pourtant, malgré tout cela, peu de ces systèmes de sécurité ont été mis en œuvre par les régulateurs fédéraux.

CBS News a demandé au secrétaire aux Transports Pete Buttigieg pourquoi le DOT n'exige pas ces technologies de sécurité dans chaque camion sur la route.

"Il y a beaucoup de nouvelles technologies en ligne qui sont très prometteuses", a déclaré Buttigieg. "Cela ne veut pas dire qu'au moment où vous voyez quelque chose d'excitant, c'est quelque chose que vous pouvez simplement exiger que tout le monde adopte."

"D'une part, cela (la technologie) peut vous aider à vous alerter lorsque vous sortez de votre voie. Cela peut vous aider à vous rendre compte qu'il y a un véhicule devant vous dont vous vous rapprochez trop. D'un autre D'autre part, une tendance que nous avons constatée est que cela peut en fait inciter les conducteurs à accorder moins d'attention."

En 2020, le ministère des Transports a accordé à une équipe de recherche de 16 membres dirigée par Virginia Tech une subvention de 7,5 millions de dollars pour élaborer des plans visant à intégrer ces systèmes en toute sécurité dans les camions. La recherche devrait se terminer en 2024.

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"Parce que parfois les promesses de ces technologies doivent être vérifiées, en particulier lorsque vous regardez ces systèmes avancés d'assistance à la conduite", a déclaré Buttigieg.

Ce qui inquiète Bob Richard, ce sont les accidents potentiels de matières dangereuses de grande envergure "dans des zones très densément peuplées où il y a un rejet de ce qu'on appelle un matériau toxique par annihilation, comme le chlore en serait un", a-t-il déclaré. "Il pourrait se vaporiser et créer un nuage. Et selon les conditions de vent, vous savez, cela pourrait être assez dangereux."

Au cours de ses nombreuses décennies d'expérience dans le domaine des matières dangereuses, Richard a déclaré qu'il avait conclu que le gouvernement fédéral pourrait faire davantage pour coordonner les règles et les protocoles de sécurité.

"Ce sont plusieurs agences qui travaillent ensemble. Et parfois, les agences gouvernementales ne collaborent pas aussi bien qu'elles le pourraient", a déclaré Richard.

Le responsable de la sécurité, Lasko, suggère que le coût de cette technologie pourrait entraîner le plus grand retard avec les régulateurs. Lasko dit que Boyle Transportation a dépensé entre 10 000 $ et 20 000 $ pour installer cette technologie dans chaque cabine de tracteur qu'il possède.

Selon Richard, d'après son expérience, ces coûts ont été pris en compte lorsque les régulateurs ont choisi de ne pas exiger une telle technologie.

"Vous avez beaucoup de ce que j'appelle le camionnage maman-et-pop", a déclaré Richard. "Vous savez, vous pourriez avoir un gars qui possède son propre camion. Alors, va-t-il pouvoir sortir et rééquiper son camion de manière économique avec tous ces systèmes ? Probablement pas faisable."

Première publication le 9 mai 2023 / 07:47

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